Les 5 et 26 octobre prochains, près de 142 millions de
Brésiliens devront se rendre dans les bureaux de vote pour désigner
les futurs occupants de cinq mandats différents : députés
locaux et nationaux, sénateurs, gouverneurs et surtout le président.
Au total, les électeurs auront donc le choix entre plusieurs
milliers de candidats et autant de codes électoraux à composer sur
les urnes électroniques. Dans tous les états de la fédération
brésilienne, la campagne a commencé et rythme le quotidien des
électeurs. L’occasion de commencer notre série d’articles sur
les Eleições 2014.
Pour le scrutin présidentiel, les
Brésiliens connaissent déjà les noms de 11 candidats déclarés
pour accéder au Planalto, le palais présidentiel. Sans
surprise, Dilma Rousseff, l’actuelle présidente sera
candidate à sa propre succession. Poussée sur le devant de la scène
politique par Luiz Inacio da Silva, dit Lula, l’ancienne chef de
cabinet présidentiel, première femme à atteindre le plus haut
sommet de l’Etat, semble, selon les sondages, être en bonne
position pour remporter l’élection… malgré tout. Bien que
populaire auprès des classes populaires et une partie de la classe
moyenne, la candidate du Parti des Travailleurs s’est attirée tout
au long de son mandat les foudres d’une partie non négligeable de
la population brésilienne.
En témoigne le grand mouvement social de juin 2013. En
cause, la faiblesse permanente des services publics dans l’éducation,la santé ou encore les transports, la baisse de l’activité
économique brésilienne, le coût exorbitant de la Coupe du Monde
mais également les scandales politiques à répétition qui ont
touché jusqu’aux membres de son gouvernement dans les premiersmois de son mandat. Réaliste sur les chantiers encore en
cours, Dilma Rousseff ne se prive cependant pas de dresser unbilan positif de son mandat. Cible des critiques et des hués des
spectateurs pendant la Copa, elle peut néanmoins s’asseoir sur
un solide 44% d’intention de votes lors d’un éventuel second
tour, selon un sondage réalisé par l’Ibope, le 7 août dernier.
Aécio Neves et Eduardo Campos en grands rivaux
Celle qu’une partie de la presse nationale et internationale a
surnommé « la Dame de fer brésilienne » devance donc
encore largement ses concurrents dans les enquêtes d’opinion.
Parmi les principaux, Aécio Neves et Eduardo Campos. Actuel
sénateur de Minas Gerais, l’un des états les plus riches du pays…
d’où est originaire Dilma Rousseff, Aécio Neves est le candidat
du Parti Social-Démocrate Brésilien (PSDB). C’est à lui que
revient la lourde tâche de succéder à José Serra,
adversaire malheureux à trois reprises face à Lula puis Dilma. Mais
avec 20% d’intention de votes au premier tour et surtout
l’acharnement de la Toile à propos de sa vie privée mouvementée
(alcool, soupçons d’usage de drogues…) l’ex président de la
Chambre des Députés et gouverneur du Minas Gerais, lancé dans la
course à la présidence de la République par l’ancien président
Cardoso, pourrait bien avoir du mal à défendre son programme (que
nous présenterons en détail dans un prochain post).
L’autre principal rival de Dilma Rousseff est Eduardo Campos du
Parti Socialiste Brésilien (PSB). Ancien député fédéral du
Pernambouc, ce natif de Recife est l’actuel gouverneur de cet état
du Nordeste. Elu à ce poste en 2006, il est reconduit en 2010 avec
le score impressionnant de 82,84% des suffrages. Les raisons de ce
succès écrasant se trouvent dans les efforts consentis par son
gouvernement dans les domaines des transports, des infrastructures,
de la santé, de l’éducation et la création de 560 000
emplois sur le territoire pernambucano depuis son arrivée au
pouvoir. Sa popularité s’est renforcée avec son action pour la
transparence de la vie politique en étant l’un des premiers à
publier les finances de l’Etat. Soutenu pendant longtemps par Lula,
puis par Dilma, Eduardo Campos peut compter avec l’appui d’une
ancienne ministre du gouvernement PT : l’ex-ministre de
l’écologie Marina Silva, arrivée troisième de l’élection
présidentielle de 2010 et désormais potentielle vice d’Eduardo
Campos.
Une élection à trois têtes ou presque
Au-delà de ces trois candidatures, les autres prétendants à la
présidence de la République brésilienne ne semble pas attirer
l’attention des électeurs. Luciana Genro du PSOL (ext. gauche) et
Eduardo Jorge du Partido Verde (écologiste) ne rassembleraient qu’un
petit pourcent des voix* tandis que les autres candidats (Zé Maria –
PSTU, Eymael – PSDC, Levy Fidelix- PRTB, Mauro Iasi-PCB et le
persévérant Rui Pimenta du PCO) peinent à atteindre ce score.
Deux autres éléments sont toutefois à prendre en compte. Le
premier est la candidature du pasteur Everaldo du Parti
Social-Chrétien (PSC). Ne récoltant que 3% des intentions de vote,
le prêcheur de l’Assemblée de Dieu, l’une des principales
églises évangéliques du pays, pourrait créer la surprise en
s’appuyant sur l’essor du parti dans différents états
brésiliens et même au niveau national. En 2010 sa formation
envoyait par exemple 17 de ses membres à la Chambre des Députés.
Parmi eux, le très médiatique Marco Feliciano.
Le second élément sera le nombre de votes nuls ou blancs
enregistré lors du scrutin. Selon la dernière enquête en date*,
ceux-ci s’élèveraient à 13% des votes. Si ces prévisions se
vérifient en octobre, elles constitueraient une hausse considérable
par rapport aux élections précédentes (en 2010 ils ne
représentaient qu’à peine 7% des suffrages). Dans ce pays où le
vote est obligatoire, ce choix électoral pourrait bien être la
conséquence des différentes vagues de contestations que connait le
Brésil depuis plusieurs mois.
*Au premier tour selon l’enquête Ibope du 7/08/2014 déjà
mentionnée.
Gauthier Berthélémy
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