lundi 1 avril 2013

1er avril 1964, "le jour qui dura 21 ans"


 
Militaires en route pour Rio de Janeiro (photo: internet)
Le 1er avril est connu dans diverses régions du monde comme le jour de la farce. Au Brésil, il en est de même, mais cette date rappelle également un fait historique important pour le pays : le coup d’Etat militaire du 1er avril 1964. Ce lundi, les archives publiques de São Paulo mettent en ligne 274 000 fiches et 13 000 rapports produits par le Département d’Ordre Politique et Social, la police politique entre 1964 et 1985. A peine 10% du total archivé.

Les explications. La prise du pouvoir par les généraux a été le résultat d’une série d’événements à partir de l’élection en 1961 de Jânio da Silva Quadros du PTN (Parti Travailliste National) à la Présidence de la République brésilienne et de João Goulart, o Jango, du PTB (Parti Travailliste Brésilien) à la Vice-Présidence. La même année Jânio Quadros renonce au pouvoir et le laisse aux mains de son Vice. Mais, ce dernier se trouve alors en Chine pour une visite diplomatique. Les militaires, voyant dans ce déplacement une preuve supplémentaire de sa sympathie pour le communisme, l’empêche d’assumer la Présidence. Ce n’est qu’après d’âpres négociations que João Goulart est nommé Chef d’Etat. En 1963, un référendum décide le retour au régime présidentialiste et Jango en reprend la tête.

Cependant, les difficultés ne faisaient que commencer. Le Brésil était en proie à une instabilité politique depuis les administrations antérieures. La tentative de renversement de 1961 et les tensions régionales et internationales provoquées par la Guerre Froide déstabilisaient un peu plus encore le fragile régime de Jango. Parmi la société, les secteurs les plus conservateurs comme l’armée, le haut-clergé catholique et les organisations et entreprises liées aux Etats-Unis faisaient un travail idéologique visant à décrédibiliser le pouvoir en place.

Le 13 mars 1964, en pleine tourmente politique, João Goulart annonce à Rio de Janeiro une série de décrets face une foule de plus de 300 000 personnes. Il déclare alors la nationalisation des raffineries de pétrole et présente un programme d’expropriation de grands propriétaires terriens pour mener à bien la réforme agraire qu’il supporte. Pour ses opposants conservateurs, c’est la goutte d’eau. Le 31 mars, l’armée marche sur Rio de Janeiro et fait tomber le gouvernement constitutionnel de Jango. Le 1er avril, le Président déchu prend la fuite vers l’Uruguay, le Brésil est aux fusils des militaires.

Le nouveau régime ouvre les frontières et laissent les capitaux étrangers opérer ce qu’on appellera au Brésil et ailleurs le « Miracle économique »,  avec ses 10 % de croissance à l’année. En contrepartie, le travailleur voit son salaire diminuer de moitié, déjà miné par une hyperinflation et les inégalités sociales qui n’arrêteront plus de s’accroître. Tout cela sans compter avec la disparition de la liberté d’expression, l’apparition de la censure et de la répression politique permises par le vote de 5 amendements constitutionnels. 21 ans plus tard, le 15 mars 1985, Tancredo Neves sera élu au suffrage universel, marquant le point final de la dictature et le début de la re-démocratisation brésilienne.

Photographies de disparus (photos internet)


Les rapports de l’époque révèlent les noms de 376 morts et disparus durant le régime militaire. Cependant, certaines études identifient plus de 1200 travailleurs ruraux tués par la dictature pendant la même période. La Commission de la Vérité créée en 2011 tente de relever les violations aux Droits de l’Homme entre 1964 et 1985, mais le travail fastidieux est rendu difficile par le manque d’accès aux documents officiels produits à cette époque. Contrairement à ses voisins ayant subi la même chose, le Brésil a voté directement après la chute des généraux une loi d’Amnistie blanchissant autant les prisonniers politiques que leurs tortionnaires, ne permettant donc pas que justice soit faite comme en Argentine où Reynaldo Bignone, le dernier général à avoir dirigé le pays pendant la dictature (1976-1983), a été condamné le 12 mars dernier à la prison à vie pour crimes contre l’Humanité.


Consultez ces sites pour avoir accès aux archives :



http://www.cnv.gov.br

Allana Andrade

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

About Me

Ma photo
Ce blog propose des informations françaises en langue portugaise et brésiliennes en langue française/Este blog oferece informações francesas em lingua portuguesa e brasileiras em lingua francesa. Il est géré et alimenté par Allana Andrade, journaliste et Gauthier Berthélémy, journaliste entre France et Brésil/ O blog é mantido por Allana Andrade, jornalista e Gauthier Berthélémy, jornalista entre Brasil e França.

Slider(Do not Edit Here!)

Traduzido Por : Template Para Blogspot
Copyright © 2013. Por aqui e là-bas